Mercredi 3 août 2005
Christine, 17 ans, 1 mois enceinte. Montmartre/Paris. Notre 4e « esclave »! Auprès d’une ambassade de Paris, d’Afrique pour ne pas dire plus. Elle y est servie comme sur un chauffe-plat, on n’a que s’en servir. Cela dure 4 ans, nous dit elle. Avant elle était aux USA, dans la même ambassade. Elle se dit catholique, française. Comment faire? Nous lui avons tout de suite filé 100 E plus une carte téléphonique, pour garder le contact. Sans cela ce serait presque impossible. On verra pendant la semaine la suite. – D’ailleurs, si l’on avait de l’argent, on achèterait à toutes nos mineures un téléphone portable (100 E) avec carte téléphonique anonyme. C’est essentiel pour garder le contact d’une manière sûre. Pour l’instant nous ne pouvons que donner des cartes téléphoniques dans les cas où elles ont déjà un portable, ce qui est plutËt rare.
Jeudi 4 août 2005 Nous avons rencontré la Princesse Murat de Géorgie, actuellement en France. Notre « Maison Verte » est maintenant en pleine fonction, avec surtout une salle d’accueil déjà installée pour conseiller les mamans enceintes en détresse, ouverte toute la journée, avec comme personnel une doctoresse à mi-temps (40 E/mois!), et une sage-femme à mi-temps (40 E/mois!). C’est un salaire très correct, car le salaire des enseignants en Géorgie est de 30 E par mois. A part le conseil pro-vie, les mamans obtiennent de notre personnel des aides financières, matérielles (« un sac de farine », « crème de visage pour femmes enceintes », etc.). Sur 15 cas qui se sont présentés jusqu’à présent, il y aurait eu 2 échecs (avortements). C’est beaucoup, mais ils ont une politique de ratisser très large, avec des spots très courts à la radio. Sur les 13 bébés sauvés, 7 bébés sont déjà nés, depuis le début du fonctionnement de SOS MAMANS GEORGIE. Naissances en juin 2005: Luka (maman Tatia, 19 ans), Marina (maman Théona, « très très pauvre », 5e enfant…). Naissances en juillet 2005: Johan (maman Ekatharina, 19 ans, 2e enfant), Irakli (maman Mariza, 5e enfant), Nino (maman Rita, 2e enfant, chËmeuse), bébé dont nous saurons bientËt le nom (maman Sophico, 20 ans, 1er enfant, mari chËmeur). Nous leur avons transmis nos « primes de naissance » de 50 E par bébé sauvé et né, comme promis.
Mercredi 10 août 2005 Aujourd’hui emménagement de Fatima dans notre studio 33 (qu’il fallait d’abord nettoyer d’une tribu de cafards récalcitrants): il y avait quand-même un clic-clac à amener sur 30 km, et un frigo ainsi qu’un lit à évacuer, tout cela sur 3 escaliers sans ascenseur..). – Ce même jour nous recevons un don de 30 Euro, avec la remarque: « Pour SOS MAMANS; merci de ne pas utiliser nos dons pour sauver des bébés musulmans: ils en sont déjà beaucoup trop en Europe! » Nous avons simplement retourné le petit carton en y inscrivant en encre rouge: « Imaginez vous que vous diriez cela à des pompiers. comprenez vous la monstruosité de vos propos? ». Nous avons gardé ce chèque un peu délicat – nous en avons besoin – , en espérons que le donateur change d’esprit et devienne plus chrétien. On peut très bien avoir des préférences, nous les avons aussi comme tout être humain, mais devant le danger de mort nous sauvons n’importe quel bébé. C’est un devoir de frères entre tous les enfants créés par le même Père, surtout du fait que Son Fils divin, N.S. Jésus-Christ, a donné sa Vie pour tout un chacun d’entre nous. Est-ce que le pompier, en haut de son échelle, discute à travers la fumée avec les gens à l’intérieur en criant: « Qui est blanc, qui est noir? Et pourquoi avez-vous allumé ce feu? » Non, il prend sa lance et éteint le feu. Nous sommes les pompiers des bébés, nous ne discutons pas.
Mercredi 17 août 2005
Valérie (17 ans) est à nouveau à l’hËpital. Gros problème: le bébé (de 7 mois) doit être évacué, opéré et replacé à nouveau dans le corps de sa maman, une opération de 10.000 Euro environ. Mais nous ne pouvons payer, et elle non plus puisqu’elle a quitté le foyer paternel sur un clash au sujet de l’avortement de son bébé exigé par les parents. Elle ne dispose donc pas du numéro de Sécurité Sociale de ses parents, et en ce cas – le cas de l’option contre l’IVG! – l’état n’aide pas, à l’encontre de l’attitude de l’Etat quand il s’agit d’une mineure qui veut avorter contre l’avis de ses parents… Nous nous sommes donc débrouillés, avec beaucoup de ruses, avec 500 Euro, pour assurer cette opération d’une manière spéciale que nous ne pouvons exposer ici. Là aussi il fallait assurer que les médecins – spécialistes admirables, mais souvent nains déplorables en éthique – ne procèdent pas sur le champ à une « IVG médicale ». Hier l’opération s’est parfaitement déroulée: une merveille, cette médecine! Ils auraient « réparé » la tête du bébé (?), et rentré son corps à nouveau. Le cordon ombilical n’a pas été sectionné. Incroyable! Espérons que tout se passe bien maintenant, pour Valérie aussi qui souffrait des complications des deux sangs. – D’autre part, deux nouvelles mamans: Hélena, une roumaine, et Romina, les deux en « grossesse délicate ». Manque de moyens, nous aidons un minimum, gardons le contact et cheminons ensemble. Pourtant il faudrait loger la deuxième tout de suite… Dieu, aidez nous! Nous avons maintenant sauvé 205 bébés, dont 57 encore à naître (ces chiffres incluent tous nos sauvetages, y compris ceux de nos groupes SOS MAMANS dans le reste de la France et en Géorgie). Nos besoins financiers deviennent de plus en plus importants, mais heureusement nos donateurs sont à nos cËtés (même si cela n’est jamais assez). Deo gratias, et avec l’aide de Dieu, en avant!
Lundi 29 août 2005 Nous avons rencontré Elsa, une jeune Roumaine, enceinte, perdue. Comme déjà Izabela à l’époque, et d’autres Roumaines, sachant que dans leur pays la famille est très considérée, nous avons téléphoné à sa marraine qui est prête à l’accueillir. Du coup nous pouvions la renvoyer par le même chemin qu’expérimenté antérieurement: par un camion qui l’amènera en Roumanie. On peut trouver ces camions facilement aux portes de Paris, et nous avons même trouvé le même chauffeur. Naturellement nous avons dû le payer pour ses services (150 E), plus une aide à Elsa et sa marraine (200 E), plus une carte téléphonique (20 E) pour nous avertir dès qu’ils seront arrivés. Que Dieu la protège, et son bébé! – D’autre part, ce week-end deux heureuses naissances: Benjamin, de Valérie; et Aude; de Zina. Ce qui nous pose un peu de problèmes: les dons diminuent dramatiquement, mais pas les mamans en difficultés, au contraire… Est-ce simplement un phénomène de la pause d’été? Espérons.
Mercredi 21 sept. 2005
Depuis un seul mois nous avons rencontré 8 nouvelles mamans en détresse, tentées par l’avortement, sans compter celles de l’étranger (surtout Géorgie), c’est-à-dire en moyenne 2 nouvelles mamans par semaine: Adeline, Elsa, Nelly, Gretchen (18 ans), Maria (27 ans), Vanessa (19 ans), Marie-Thérèse (19 ans). Parlons du cas le plus grave d’entre eux, Vanessa. Fatima, une jeune lycéenne que nous avions secourue et logée fin juillet 2005, nous a amené cette jeune maman de 19 ans qu’elle a trouvée en pleurs sur le trottoir à Paris. Vanessa dort la plupart du temps dehors, abandonnée en raison de sa grossesse par sa famille et surtout par le ‘géniteur’ du bébé dont elle est enceinte. Toutes nos 5 familles hébergeuses sont occupées – chacune ayant pris en charge 2 mamans! – et tous nos propres studios sont pleins, sauf le studio à Maisons-Alfort. Mais la propriétaire est en vacances. Finalement, après 5 jours d’appels téléphoniques, elle nous téléphone: elle était en voyage. Le studio est libre! Nous passons la bonne nouvelle immédiatement à Vanessa qui est ravie. Mercredi prochain déménagement… Elle fera à Maisons-Alfort quelques travaux ménagers ou des courses pour des gens, pour au moins pouvoir assurer sa nourriture. – Ce cas de Vanessa, trouvée par Fatima, illustre parfaitement comment nous trouvons plus de la moitié de nos nouvelles mamans en détresse: ce sont les mamans que nous avons secourues qui, devenues porteuses d’espérance elles-mêmes, nous amènent ces mamans avec un élan ‘anonymement chrétien’ (Benoît XVI) que beaucoup de chrétiens envieraient. Pas seulement qu’elles nous les amènent, mais elles les ont déjà convaincues, avant la rencontre avec nous, que leur bébé peut – et doit – être sauvé. – D’autre part, une heureuse naissance de jumeaux à signaler: Inès à donné la vie à Lys et Louis. Nous avons remis à l’heureuse maman à l’hËpital 300 Euros de ‘prime de naissance’, ensemble avec des chocolats, des fleurs et des peluches. – Le mariage de notre maman iraqienne Madeline sur la CËte d’Azur a été reporté à mi-octobre, le temps de guérison de sa petite soeur Suzanne qui est tombée gravement malade lors d’un voyage au Portugal et quelques mauvais contacts sur place. Léa est donc rentrée à Paris en remettant ça pour octobre.
Lundi 26 sept. 2005 Triste nouvelle: l’un des deux petits jumeaux est mort 3 jours après la naissance, de la ‘maladie bleue’. La jeune maman Inès est orthodoxe et a fait venir un prêtre pour baptiser le bébé lorsqu’il est mort. Il sera enterré religieusement par la famille. Inès est inconsolable, pourtant il y a une semaine elle ne savait pas encore qu’elle aurait des jumeaux, n’osant pas regarder dans ce qu’elle considère religieusement comme le ‘mystère de Dieu’ avant la mise au monde. Ce sont là les chemins de Dieu, qu’Il soit loué! – Ce soir nous avons pu installer Maria dans notre studio à Versailles. Elle est super-heureuse. Elle a 27 ans, a déjà 3 enfants, le mari, un musulman, a brusquement cassé l’union en quittant le domicile avec les 3 enfants et en les séparément chez 3 amis différents. Maria s’est courageusement battue et a obtenu que la police récupère ses enfants auprès des 3 ‘amis’. Puisqu’elle doit quitter l’appartement familial spacieux fin septembre, ne pouvant plus payer la location de 900 Euro, elle a dû confier les enfants à l’assistance qui les placera ensemble dans une famille d’accueil, le temps qu’elle pourra accoucher du 4e et qu’elle nécessitera pour obtenir un HLM à la taille familiale nécessaire. C’est dans ces circonstances que nous lui avons procuré, par une action éclair, notre studio-refuge à Versailles qui s’est libéré tout récemment. Puisqu’elle est musulmane et qu’elle se sentait très mal traitée par son mari musulman, nous lui avons parlé du statut de la femme dans le christianisme ainsi que des possibilités de conversion. Elle était très réceptive. Que Dieu la guidera désormais. – Avec les dernières venues – Maria, Gretchen, Vanessa, Marie-Thérèse et Alicia rencontrées entre le 14 et le 27 septembre – nous sommes maintenant arrivés à 216 mamans (et 226 bébés sauvés, compte tenu des jumeaux et triplets…). Il nous faut toujours plus de donateurs, la moisson est mûre, que Dieu nous entende!
Mardi 27 sept. 2005 Nous lisons dans un journal (Famille Chrétienne, 17.9.2005) qu’en France, chaque année, 10.000 adolescentes de 13 à 18 ans attendent un enfant: 8.000 avortent, et 2.000 font le choix de la vie. Cela fait 75 % qui finissent par avoir la mort dans l’âme dès leur jeunesse. Pour ces jeunes, ils n’existent en France que 500 places d’hébergement, dit le journal (en fait une interview avec la Fondation Auteuil qui en savent quelque chose), et pourtant la plupart d’entre elles sont nécessairement en rupture avec leur famille. Nous en voyons les conséquences désastreuses chaque semaine au moins 2 fois. Par contre il faut dire aussi que, dans cette histoire de meurtre par avortement, les seules personnes accessibles à notre action de secours sont ceux qui sont pauvres et ont besoin d’aide matérielle immédiate. C’est exactement cela qui ouvre leur coeur, leur attention, leur recherche de solution et qui ouvre la voie à leur salut. Les autres femmes, les secrétaires de direction, les coiffeuses de luxe, les femmes entretenues, nous n’y avons jamais accès, et elles avortent sans se poser de question, toutes seules, en héritant pourtant de toutes les conséquences physiques et psychologiques de ce crime contre l’humanité et péché inqualifiable contre Dieu Créateur de la Vie. Est-ce cela à quoi Jésus fait référence en bénissant les Pauvres, les Malheureux, ceux qui ont faim et soif? Pour Dieu, un pauvre et même un pécheur sont des gens qu’Il préfère: demain ils seront riches de grâce, car ils sont capables de conversion; mais les riches, les autosuffisants, les tièdes et les lâches, même Lui n’y a point d’accès, il les « crache de sa bouche », dit l’Apocalypse. Comment aider les femmes riches à ne pas avorter? Il faudra creuser ce problème. Ce qui est vraiment une grande consolation dans notre travail, c’est que nos petites mamans ne sont ni riches ni autosuffisantes ni tièdes ni lâches. Elles sont toujours ouvertes, consentantes, partie prenantes, réconfortantes. Mais un jour, quand nous affronterons les ‘riches, autosuffisantes, tièdes et lâches’, notre travail sera sûrement plus dur, sinon terrible. Mais entre temps nous avons compris que Dieu nous a pris dans Son école et que les choses viendront à leur temps, comme cela a été jusqu’à présent. Deo gratias !