EDITION SPECIALE (2 pages)
Voici, en avant-première, une toute récente interview de l’association SOS MAMANS. NB: Notre mini-agence de presse RU et l’action SOS MAMANS font partie, toutes les deux, de l’association UNEC.
– Comment est née l’idée de SOS MAMANS?
Pendant 6 ans nous étions une association pro-vie « standard »: manifestations et tractages contre l’avortement, lettres aux députés, articles dans mes journaux amis, pèlerinages, collectes de signatures… Jusqu’au jour où nous nous rendions compte que nous tournions autour de notre petit nombril. Que tout cela ne baissait pas d’un seul avortement ce désastre pour la France, cette offense majeure contre le Créateur, ce suicide collectif « remboursé ». Et nous avons décidé d’oublier « le haut » (les députés, les lois, les autorités de toute sorte, y compris religieuses), et de travailler comme le Bon Samaritain dans l’Evangile qui est descendu de son âne et est venu au secours du pauvre diable jeté dans le ravin en s’occupant sérieusement de lui. Il fallait directement faire face aux mamans en détresse, sortir, les secourir, les sauver, n’est-ce pas le message de l’Evangile?
– Depuis combien de temps existez-vous?
Notre association-mère l’UNEC existe depuis 1989, et nous étions un groupe pro-vie à l’intérieur de l’UNEC depuis le début. Notre « conversion » stratégique, pour ainsi dire, a eu lieu en 1995. Depuis, notre groupe s’appelle SOS MAMANS, toujours à l’intérieur de l’UNEC qui seule est déclarée en association du type 1901.
– Quel est le profil des filles qui sont contraintes d’avorter?
Eh bien, on peut franchement dire, nous n’avons jamais rencontré une maman voulant avorter sans s’y sentir contrainte. Par les circonstances, par le manque de ressources, de place, mais surtout par l’attitude de refus de l’entourage. Combien de fois n’avons-nous pas entendu: « Vous êtes les seuls à me soutenir, à m’encourager, à m’aider; tous les autres, y compris ma meilleure copine, me poussent à avorter; pire, mes parents me chassent du domicile, et mon copain, géniteur du bébé, m’a donné des coups violents quand je lui ai annoncé la bonne nouvelle’… » Voici donc le profil: le ventre légèrement bombé, le visage tuméfié, les larmes à peine cachées. Voilà la réalité que nous autres chrétiens ne voulons pas voir, en évitant la rencontre, encore comme Jésus l’a dit du prêtre et du diacre qui ont simplement « évité » le pauvre diable laissé pour mort dans le ravin.
– Y a-t-il des différences de comportement entre les filles selon leur origines?
Non. Toutes ont besoin d’aide. Parfois morale, presque toujours financière. En plus, certaines sont à reloger le soir même, pour sauver leur bébé. Cela pose naturellement plus de problèmes avec des mamans vivant illégalement en France, les immigrées, colorées, mineures… Mais, même si l’on a tous des préférences – comme le Bon Dieu en a en abondance Lui-même -, il reste vrai que face à la VIE nous ne faisons aucune différence. Un bébé est toujours à sauver, au risque de notre propre vie, n’importe sa couleur ou condition. Est-ce qu’un pompier, du haut de son échelle et face aux flammes, prêt à déclencher le jet de sa lance d’eau, pose d’abord des questions inutiles: ‘Est-ce qu’il y a des noirs ici? Des sans-papier? Des illégaux?’ Non, il éteint le feu. C’est ce que nous faisons. Nous sauvons la vie, la vie des enfants de Dieu en danger, en un mot: la vie de nos petits frères et soeurs. Sans parler de la vie des mamans que nous sauvons parfois en même temps, surtout dans le cas des prostituées, esclaves, suicidaires, comme cela nous est arrivé des dizaines de fois. Là on peut dire, grâce au bébé la vie de la maman a été sauvée. C’est d’ailleurs la règle générale: ce n’est pas le bébé qui pose problème, non, ce sont les problèmes des adultes que le bébé résout. Combien de mamans, surtout jeunes, ont grâce au bébé changé de vie, renoncé à leurs mauvais copains, structuré leurs vies, abandonné la drogue, l’alcool, appris un métier, retrouvé Dieu? Le vrai missionnaire envoyé par Dieu, c’est le bébé lui-même. Nous avons d’ailleurs pu amener au baptême une douzaine des bébés sauvés; c’est chaque fois une grande fête. Il faut bien se mettre dans la tête que d’abord le bébé n’est pas un problème, mais une JOIE, un cadeau tombé du Ciel. Pour bien marquer le coup – devons-nous le dire? – nous buvons dans le café le plus proche une coupe de Champagne pour célébrer l’arrivée d’une nouvelle maman, c’est-à-dire d’un nouveau bébé. Cela met les pendules à l’heure. C’est un petit luxe de 6 Euro que nous payons de nos propres poches. Après cela seulement, on commence à réfléchir avec la maman comment résoudre les problèmes parfois terribles qui surgissent, comment faire face aux dangers immédiats. Toutes nos mamans sont, à ce moment-là, nos meilleurs alliées, partenaires, avocates, amies conniventes. Il n’y a rien à argumenter, elles s’envolent et sont d’accord dès qu’on leur parle de la VIE.
– Combien de personnes participent aux sauvetages?
Nos groupes – ils en existent déjà 7 en France et 2 à l’étranger – comprennent normalement 3 personnes, parfois 4. Pas plus. Une ‘fourmi de quartier’ (ou avion renifleur) qui n’a peur de rien et qui dans sa vie ‘en a vu d’autres’. Un ou une comptable qui, patiemment, construit un réseau de donateurs autour du groupe, nous en avons 700. Ensuite un responsable qui supervise, juge les problèmes à froid, garde le lien avec les donateurs et reste en liaison avec notre groupe à Paris pour s’en sortir ensemble quand des cas extrêmes, voire dangereuses, se présentent. La 4e personne peut arriver plus tard, c’est « Monsieur SOS », généralement un retraité disposant d’une voiture pour aider lors d’un déménagement d’une maman, ce qui arrive souvent, et surtout d’un coin dans son garage pour stocker quelques vêtements de bébé, landaus, lits d’enfants etc. La première personne – la fourmi de quartier – est nécessairement une femme. Une femme peut trouver, comprendre, consoler et sauver une nouvelle maman en profonde détresse. Les hommes ont quitté depuis des lustres – la révolution industrielle? – la scène et l’arène de la VIE. Y font front aujourd’hui seules les femmes, surtout quand ça va mal. C’est normal quand on pense que Dieu les a choisies comme co-créatrices: à chaque conception et naissance la Création continue, Dieu ne délaisse pas l’humanité, Il recommence chaque fois à zéro, et cela chez la maman. Disons le en paradoxe: sans les femmes, l’humanité serait déjà éteinte. Cela en dit large.
– Combien de sauvetages par an?
Au début nous n’avions que 2 ou 3 par an. Nous avions plus d’argent que de mamans à aider. Nos yeux étaient encore fermés. Il fallait, petit à petit, les ouvrir, sortir de notre tour d’ivoire, de nos cages d’ivoire bien protégées. Aujourd’hui c’est le contraire: plus de bébés à sauver que d’argent pour aider. Nous vivons ainsi une catastrophe financière presque à chaque fin du mois. Mais quand rien ne va plus, Dieu nous envoie de l’aide. Par exemple la semaine dernière un Monsieur voulait nous parler ‘d’une question administrative’. Nous fixions avec difficulté un rendez-vous avec lui. Il a sorti un chèque de 3000 Euro. Cadeau de Dieu! En total nous avons sauvé 275 bébés, dont 48 encore à naître. La plupart par notre groupe à Paris, mais aussi 22 par notre groupe en Normandie, 10 par celui en Lituanie, 28 par celui en Géorgie/Caucase où nous avons acquis en 2005 une maison d’accueil, la ‘Maison Verte’ à Zougdidi. D’autres groupes en France, notamment en Auvergne, Paca, Toulouse, Lyon, Dijon, quoique existant pour certains déjà depuis plus d’un an, n’ont pas encore trouvé une seule maman à sauver. Ils s’y préparent, en essayant d’enlever les poutres de leurs yeux dont parle Jésus dans l’Evangile, et aussi en utilisant ce temps ‘vide’ pour établir leurs réseaux de bienfaiteurs et de donateurs.
– Taux de réussite?
Presque 100 %. Il y a un avortement à signaler en Géorgie d’où notre groupe avoue qu’une femme est revenue pour dire qu’elle a avorté. Et en France nous avions deux de ces femmes. Imaginez la raison? ‘Des charismatiques m’ont harassée de façon insupportable par des coups de téléphone répétés disant qu’elles sont à genoux pour moi etc. C’était trop!’ Triste témoignage. Agir avec amour ne veut pas dire faire n’importe quoi. Le sauvetage est un métier chrétien qui s’apprend, avec beaucoup de désintéressement, de patience et surtout de délicatesse. Ne s’agit-il pas d’un des domaines les plus intimes de la femme où l’on intervient? Un seul mot, un seul geste déplacé, et tout est perdu. Un peu comme chez les pompiers!
– Vous suivez les mamans au-delà de la naissance?
Oui, normalement nous les suivons en total pendant 10 à 12 mois, surtout financièrement: la période avant la naissance de leur bébé, jusque 3 mois après. Mais parfois nous les logeons aussi: les majeures en les plaçant dans un des 4 studios que notre association loue en région parisienne, les mineures chez des familles d’accueil dans toute la France. Ainsi nous logeons en permanence 15 à 20 mamans. Plus les futures pensionnaires de notre ‘Maison Verte’ en Géorgie actuellement en réfection. En un cas nous avons ‘suivi’ une maman pendant 3 ¸, logée dans un de nos studios parisiens, jusqu’à ce qu’elle ait trouvé un appartement HLM.
– Budget de votre association?
N’en parlons pas, c’est un peu la trésorerie du Bon Dieu. Juste pour vous donner une idée: en moyenne un bébé sauvé nous coûte 1000 Euro. C’est peu par rapport à la valeur inestimable de la vie humaine. ‘Une âme vaut l’univers’, dit Ste Thérèse d’Avila. Et l’argent est fort répandu sur terre. Il suffit de le redistribuer un peu.
– Comment repérez-vous les filles en difficultés?
Surtout pas en attendant derrière le téléphone ou l’ordinateur. Non! Mais en ‘sortant’, c’est-à-dire en allant sur les trottoirs, dans les cafés, pharmacies, métros, laboratoires, et surtout vers les bancs dans les parcs publics. Nous n’attendons pas les mamans(5, nous allons vers eux. Comme le Bon Samaritain dans l’Evangile.
– Qui sont vos détracteurs?
Personne pour l’instant. Car nous travaillons sans bruit, sans publicité, sans affiches, sans revue, sans bureau, sans salaires. Bref, d’homme à homme, ou plutËt de femme à femme. Par contre nous avons des ennemis: les députés qui maintiennent l’avortement, les autorités de l’état qui le gèrent et le remboursent, les docteurs qui le pratiquent, les pharmaciens qui vendent les pilules avortives, voire les autorités religieuses qui laissent passer ce crime des crimes comme si c’était un problème entre autres. Ce sont les femmes qui aboliront l’avortement, moins les hommes. Nous n’attendons surtout rien des gens haut-placés. Nous travaillons seuls, en partant du bas vers le haut. S’il y avait 1000 groupes de ce genre en France, il y aurait peut-être encore des lois d’avortement, mais plus d’avortements. Que les païens fassent des lois païennes, rien d’étonnant. Mais que les chrétiens ne se réveillent pas pour sauver les vies, stopper le génocide, arrêter l’horreur, ce n’est pas normal. C’est donc un problème entre catholiques. Oui, l’avortement est un problème catholique! Il nous provoque et nous défie. Ou nous venons au secours, ou ce sera fini pour tous, y compris nous-mêmes. Quel enjeu!
– Comment vous aider?
Faites partie de nos sauveteurs par vos prières, vos colis postaux avec des layettes modernes (non tricotées main, cela ne plaît plus), et surtout par vos dons, soit ponctuels soit par virements bancaires mensuels (entre 10 et 50 E/mois, formulaire disponible). Nos coordonnées: SOS MAMANS (AMEN), BP 70114, F-95210 Saint-Gratien, T/F 0134120268, unec@wanadoo.fr, www.radio-silence.tv (rubrique SOS MAMANS). – (ru)
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