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Journal de bord (suite 39, avril 2010)

Mercredi (de la Semaine Sainte) 31 mars 2010
Voilà encore un avortement, le 2e véritable avortement que Sos Mamans a vécu depuis ses débuts en 1995, après celui de Zénia il y a 2 mois. C’est encore une jeune prostituée russe, 19 ans, arrivée à Paris il y a très peu de temps (1 mois environ ?), ensemble avec une douzaine d’autres jeunes filles de l’est. Elles devaient aller à Paris ‘en filles d’escorte’ pour les nombreux touristes de l’est européen. N’étant pas dupes, elles savaient à peu près ce qui pourrait arriver à leurs corps à Paris, mais elles ne savaient pas que cela irait jusqu’au charcutage de leurs bébés. Voici les détails comment un avortement se produit en milieu de proxénétisme parisien. Nous avions depuis 2 jours le contact avec Nikita, et puisqu’elle était enceinte, une ‘évasion’ était convenue sous 48 heures, avec fuite retour en Russie pour éviter l’avortement – et sortir à l’occasion de la prostitution. Ces filles sont logées souvent ensemble, de façon à se surveiller mutuellement, chacune jouant ‘la chouchou’ avec le ou les maqueraux, des marginaux extrêmement durs et violents de l’Europe de l’est (Albanie, Ukraine, Russie). Mais voilà, hier matin (mardi) une des colocataires demande à notre amie Nikita si elle peut lui prêter un tampax. Nikita lui tend toute sa boîte de tampax en lui chuchotant à l’oreille: « Tiens, je te les donne, comme je n’en aurai plus besoin… » L’autre descendit immédiatement au proxénète en bas de l’immeuble qui surveille les entrées et sorties, pour lui raconter la nouvelle : « Nikita est enceinte et veut garder son bébé ! » La scène avec le souteneur fut terrible. Il monta immédiatement pour maltraiter Nikita, devant les autres, en la giflant violemment : « Tu penses peut-être qu’on est une maternité ici ? Pauvre c…, tu es là pour travailler, et non pas pour jouer aux poupées ! Nous partons immédiatement !» Et à l’amener à une avorteuse secrète à Paris qui fait partie du système. Aujourd’hui Nikira est venue nous voir, pâle et effondrée. On voyait des bleus énormes autour des yeux, en dépit d’un fort maquillage. « Demain ils me conduiront vers leur troquet à Cologne ! » Un dernier adieu à Nikira, et elle est partie, vers le noir, un trou béant dans son ventre. Notre assistante Léa n’a pu dormir cette nuit, n’arrêtant pas à se demander ce qu’elle aurait dû faire pour éviter cette catastrophe. Elle se culpabilise. Tous en larmes, la victime, mais aussi le sauveur ! Pour nous, c’était Gethsémani. On ne sauve personne sans trinquer soi-même, sans boire la coupe jusqu’au fond. Le fond ? C’est la Volonté du Père qui est Amour infini. Nous buvons littéralement cette confidence du Christ, car sans Lui nous abandonnerions. Nous titubons et perdons courage à cause d’un seul avortement, d’un seul sauvetage raté? Eh bien, Lui Il en supporte par jour quelques 70.000 bébés charcutés et écrasés dans le ventre de leurs mères, criant au Ciel à partir du monde entier. Chaque bébé est une épine dans sa Couronne des douleurs. 70.000 épines, chaque jour de nouveau ! Mais Il continue à prier son Père, dans le jardin, en attendant sa Passion et sa Mort, justement pour eux, surtout pour les pauvres et innocents. Qui est plus innocent qu’un bébé à naître ? « Dormez maintenant, l’ennemi arrive ! » nous lance-t-Il. Nous essayerons de continuer nos pauvres sauvetages en acceptant qu’Il recrée nos cœurs – trop faibles et pusillanimes – par Son Sacré Cœur, Créateur et Sauveur du monde. En avant pour la nuit du Vendredi Saint, mais aussi pour l’incroyable matin de Pâques ! En avant – avec Vous – pour les prochains 630 sauvetages de bébés ! Notre prière ce soir : qu’Il bénisse Nikita, Zénia et toutes les autres !

Mercredi 7 avril 2010
Une dame nous écrit : « Je viens de faire une fausse couche… Quand on vous annonce que votre bébé est mort dans votre ventre et que c’est la nature qui en a disposé ainsi, on culpabilise énormément et c’est difficile de se faire une raison. Mais comment peut-on forcer les femmes à avorter ou même promouvoir l’avortement ? C’est vraiment quelque chose qui me dépasse ! Je n’arrivais déjà pas avant à imaginer qu’on puisse tuer des bébés, mais maintenant que je n’ai pu connaître ce petit 4e que je désirais tant, je suis devenue encore plus sensible à cette cause. »
Le même jour nous recevons un faire-part de naissance de Madeleine. Sa maman avait participé il y a 16 ans, encore étudiante, à un de nos pèlerinages UNEC « pour la vie » en Pologne, marchant à pied d’Auschwitz (mort) à Czestochowa (vie) sur 120 km de route en 5 jours. Voici son très émouvant message d’aujourd’hui : « Madeleine est arrivée sans crier gare, avec 3 semaines d’avance, nous bousculant quelque peu. Elle est notre 5e, après Pierre, Héloïse, Remi et Marie-Edith. Enfin ça y est, le rythme à 7 est pris… et les faire-parts imprimés ! Petite Madeleine est trisomique, comme cela avait été suspecté à une échographie. Ce n’est donc pas une surprise pour nous ; nous découvrons au fil du temps ses capacités et ses faiblesses, aidés par des professionnels dont la Fondation J. Lejeune à Paris. Continuez votre combat rempli d’espoir ; le nôtre est d’éduquer chrétiennement nos enfants dans un monde de plus en plus apostat : deux combats complémentaires. Amitiés. A. » Epoustouflant ce calme devant la trisomie dans une famille catholique ! C’est du baume pour nous dans le chaos où nous travaillons. Les saints, ça passe le plus souvent inaperçu, comme Jésus à Emmaüs. Un grand Deo gratias pour tout cela !

Bilan au 4.5.2010 : 637 bébés sauvés, dont 86 encore à naître. Nous hébergeons actuellement 41 femmes et jeunes filles enceintes, en nos studios et surtout chez des familles (pour les mineures). Etat actuel de la caisse: – 549 Euro (déficitaire).