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Journal de bord (suite 52 – Début 2013)

Jeudi 3 janvier 2013

Terrible nouvelle. Il y a 4 jours nous avions un coup de téléphone d’Amiens. Une jeune de 17 ans cria au secours : je suis enceinte, je le dissimule à mes parents, dès que mes parents le sauront ils me feront avorter de force, je les connais. Nous disons : « Viens vite à Paris, et on discutera ensemble comment t’aider ! » Réponse angoissée : « Mais je n’ai pas d’argent pour prendre le train, et mes parents ne me laisseront jamais partir seule à Paris… ». Nous pensions donc nous rendre en voiture à Amiens pour la rencontrer dès que nos cas urgents actuels à Paris seraient résolus, en la faisant attendre 3 ou 4 jours. Mais aujourd’hui elle nous téléphone : « Mes parents m’ont fait avorter par le médecin généraliste ». Le RU 486 y est passé ? Nous sommes effondrés. Ce ne serait pas arrivé si nous avions une antenne à Amiens, et dans toutes les villes de France. Une antenne prête à agir. Mieux encore : un groupe local Sos Mamans. Est-ce si difficile pour nous autres Chrétiens d’aimer notre prochain? Surtout quand il s’agit d’un bébé innocent et sans aucune défense ? Que ceux qui songent à fonder un groupe local n’aient pas peur : nous avons commencé tout petit, en sauvant seulement 1 à 2 bébés pendant les premières années, le temps pour apprendre le métier de la charité. Dieu fera le reste, n’ayez pas crainte !

Mardi 22 janvier 2013

Voilà un autre cas d’inceste : cette fois-ci c’est le frère de 22 ans qui a mis sa sœur de 16 ans enceinte. Et le pire : les deux en sont fiers. Le père de famille est tel point dégoûté de ce qui se passe dans sa famille qu’il semble près d’une crise cardiaque. Nous recommandons, pour l’instant, l’adoption, et avons ainsi pu sauver le bébé – totalement innocent.

Lundi 28 janvier 2013

Nous recevons de temps à autre des propositions d’hébergement, mais rarement réalistes. Comment pouvons-nous loger une jeune fille dans une chambre isolée dans un château loin de tout ? Comment pouvons-nous la loger chez un Monsieur seul ? Comment loger une fillette de 15 ans toute seule dans une famille qu’elle ne connaît pas, sans que cette famille accueille d’entrée de jeu DEUX jeunes filles enceintes pour leur permettre de s’encourager et se soutenir mutuellement ? Voici quelques critères pour la sélection de nos hébergements (actuellement 29) :

–         En grandes villes, non pas à la campagne où il peut y avoir beaucoup de commérages. En ville il y a des possibilités de formation, de petits services rémunérés, de suivi médical, et surtout un certain anonymat nécessaire pour mener à bien ces grossesses souvent délicates ;

–         en principe pas d’hommes hébergeurs, même pas de pères de famille (nos jeunes filles sont souvent des chipies, voire des jeunes prostituées) ;

–         pour nos jeunes femmes enceintes majeures nous cherchons surtout des studios indépendants, équipés et meublés, gratuits, en grandes villes ;

–         pour être hébergeuse de Sos Mamans il n’est pas nécessaire d’être pratiquante en matière religieuse, sauf la charité. C’est cette charité qui sauve, aussi bien le bébé, la maman, et l’âme de l’hébergeuse. Certaines ont retrouvé, par ces hébergements, le chemin vers les sacrements.

Mardi 26 février 2013

Ce jour, poussés par la nécessité, nous avons dû lancer un SOS à nos bienfaiteurs :

« Chers amis donateurs de Sos Mamans,

 plusieurs d’entre vous nous ont encouragés à faire un appel urgent s’il le faut.

C’est le cas actuellement, en plein Carême.

S’il vous est possible de nous faire rapidement un don, nous vous serions très reconnaissants.

La crise sévit partout, mais le plus chez les bébés en danger de mort qui ne cessent de crier au secours.

Actuellement nous sommes arrivés à 817 bébés sauvés de l’avortement, nous logeons actuellement 29 mamans.

D’avance un grand merci, au nom des bébés sauvés et leurs petites mamans.

Vous pouvez nous aider

– soit par virement instantané par carte de crédit sur la page d’accueil de notre site Unec « www.radio-silence.tv » ,

– soit par chèque à « SOS MAMANS (AMEN) », BP 70114, F-95210 St-Gratien.

Bon Carême, bien cordialement,

W.W. – secrétariat »

Mercredi 27 février 2013

Ce qui s’annonça très mal au début, est devenu un comte de fée, ou plutôt de grâce. En octobre 2012 nous étions tombés sur Amanda, 22 ans, enceinte, « beurette » (sans tchador), Sarcelles. Chassée par sa famille pour être tombée enceinte, elle vivait dans la rue et mangeait littéralement des poubelles. Quand elle rencontrait – de fortune – le géniteur du bébé, celui-ci la tabassait en pleine rue pour l’obliger à avorter son bébé. Nous avons pu voir les traces de ces violences sur son corps. Quoi faire ? Jamais nous n’avions eu un cas aussi cru. Cela nous a pris plusieurs semaines pour « l’apprivoiser », afin qu’elle n’ait pas peur même de nous. Comme les fauves elle se glissait le long des murs, la nuit, pour enfin dormir quelques heures … dans une cave aux alentours de la gare. C’était pourtant l’hiver très froid 2012/2013. Manque de place ailleurs nous l’avons d’abord persuadée de s’installer dans une chambre chez une famille à Paris 16e. Histoire incroyable mais vraie :  à peine arrivée dans cette chambre, elle a ntendu de la mère de famille qu’il y aurait, de temps à autre, une petite souris qui passe dans la chambre. Elle avait dit cela presque pour rire, mais malheureusement ce sont les souris que cette jeune fille craint le plus. Le soir même elle a pris sa sacoche et est repartie dans la nuit, en nous téléphonant de temps à autre à partir d’une cabine téléphonique. La mère de famille de la chambre en question s’est d’ailleurs excusée auprès de nous : « C’est ma faute, je n’aurais pas dû lui en parler ». Relatons pour la petite histoire qu’elle a finalement réussi à rattraper cette souris par la queue, mais ne voulant pas la tuer, elle l’a enfermée dans une cage à chats pour l’amener loin de l’appartement. Pour ne pas sembler ridicule, elle a enrubanné la cage et a marché 1 km se sa maison avant de libérer la pauvre souris qui a compliqué le sauvetage de cette jeune maman enceinte. Que cette histoire puisse donner une idée de la qualité humaine – le respect devant toute vie créée par Dieu – de nos familles hébergeuses ! Voici une photo de la souris, juste avant sa libération.

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Quoiqu’il en soit, nous avons pu retrouver de nouveau le contact avec Amanda (qui bien sûr n’a ni domicile ni téléphone mobile) : elle ne voulait en aucun cas retourner vers cette maison. Nous l’avons donc amenée à Versailles chez une dame qui héberge régulièrement une de nos jeunes filles enceintes dans un studio qu’elle a fait installer dans son garage. Juste un petit détail pour dire avec qui nous avions à faire : Amanda n’utilisait jamais la porte pour entrer dans le jardin de cette maison, avec une clef introuvable, mais se glissait régulièrement, enceinte comme elle était, sur la grille de 1,90 m de haut qui entoure la propriété, et cela en pleine nuit quand elle venait pour dormir. En plus elle y amenait Elvira, 17 ans, également enceinte, de la même banlieue, également une de ces jeunes filles « dans la rue ». Nous avons mis 2 mois pour voir Elvira pour la première fois de nos yeux, tellement elle était timide. Comment mener ce sauvetage jusqu’au bout ? L’histoire s’est terminée de façon miraculeuse : à Gennevilliers, Amanda et Elvira se sont vu proposer gratuitement un appartement au rez-de-chaussée d’une maison, proposition spontanée d’une dame qui avait eu pitié d’elles. Entre temps les deux étaient devenues trois : c’est Mélissa, 17 ans, enceinte, qui en faisaient soudainement partie également, repérée par les deux premières. Nous avons aidé ces 3 jeunes filles enceintes de s’y installer correctement, en fournissant des meubles, des appareils et ustensiles pour la cuisine, de l’argent pour les médicaments, mais aussi des vêtements et chaussures, et surtout un ravissant « papier peint chambre de bébés » qui décore désormais le coin qui accueillera les 3 bébés à naître entre juin et septembre 2013. Au milieu trône, à la joie de toutes les trois, un beau berceau alsacien qu’une dame de la Mayenne nous avait confié il y a deux mois : ce sera pour le premier bébé qui arrive. Deo gratias !

Vendredi 1 mars 2013-04-26

A chaque sauvetage nous sommes émerveillés de la promptitude des gens – souvent très loin de toute pratique religieuse – pour nous aider : les familles hébergeuses, les fournisseurs de services, les donateurs de matériel et d’argent… C’est, selon Jésus, le signe du « Royaume de Dieu qui approche ». La France est encore chrétienne dans ses racines, la charité divine insoufflée par l’Esprit Saint depuis plus de 15 siècles (baptême du roi Clovis en 495) ne se chasse pas par quelques révolutionnaires excités ravageant le pays depuis seulement 2 siècles, même s’ils semblent tenir – pour un moment – le haut du pavé. Pour voir ce que c’est un pays païen, allez au Japon et observez ce qui se passe quand il y a un accident de la route. Dans ce pays, peut-être le plus païen des pays actuels, les gens descendent de leur voiture, non pas pour aider les accidentés, mais pour se tenir à distance et rire à haute voix : « Ah, ce n’est pas tombé sur moi, sur nous, quel chance ! » En France chrétien ce serait inimaginable. Tout un chacun a un reste de charité dans son âme, traces de grâces toujours actuelles, sautoir toujours prêt pour replonger dans la Vie du Dieu trinitaire. Quel beau pays !

Jeudi 25 avril 2013

Voici une histoire plutôt terrifiante. En décembre 2012 le Bon Dieu nous avait mis sur la route Elisabeth, 16 ans, enceinte, syrienne, mise en sécurité par sa maman catholique vers la France. Le père, musulman, était engagé dans les affrontements actuels. Elle fut élève au lycée français à Damas. Nous ne savons pas pourquoi la jeune fille est tombée enceinte, et à la limite cela ne nous regarde pas. Quand nous l’avons vue pour la première fois, elle était totalement apeurée, en piteux état, presque tremblante. Nous l’avons logée chez une dame loin de Paris, pour la protéger d’éventuelles rancunes. Et voilà : en regardant les nouvelles de Syrie à la télévision, Elisabeth dit qu’elle a vu, sur une image vite passée, son propre père … par terre, massacré. Cela l’a achevée : elle a des convulsions et des spasmes, nous craignons le pire, pour elle et pour le bébé. Hier nous l’avons amenée à l’hôpital Saint-Louis à Paris pour des analyses, même sous le point de vue de virus éventuels du type tropique. Facture à la sortie de l’hôpital, après 24 heures de soins et d’analyses poussées : 1500 Euro que nous avons réglés pour le moment, en attendant un remboursement probablement illusoire par l’AME (qui n’est pas pressée d’aider les enfants chrétiens réfugiés en France de l’Orient). Nous en sommes là pour le moment. Un grand merci à notre hébergeuse qui s’occupe si merveilleusement d’Elisabeth et son bébé ! Nous voudrions bien lui conférer la première médaille d’honneur de « Sos Mamans », dès qu’elle sera gravée et prête. C’est en route.

Bilan SOS MAMANS au 26 avril 2012 : Nous avons sauvé, depuis 1995, 841 bébés et leurs mamans, donc quelques 1700 personnes en détresse vitale . Actuellement nous logeons 36 femmes et jeunes filles enceintes, soit en nos studios loués, soit chez nos familles ‘hébergeuses’. Fond de caisse à ce jour : 31 Euro. Budget habituel : 8000 Euro/mois. A Dieu tout honneur et toute gloire !