Vendredi 27 février
Aujourd’hui nous avons reçu une lettre qui dit ceci : « Voici une petite obole pour votre œuvre SOS MAMANS. Je ne peux faire grand-chose, mais c’est d’autant plus de bon cœur que moi aussi, quand j’étais plus jeune, j’ai eu recours à l’avortement. Maintenant je tiens à réparer. Si seulement j’avais pu croiser des gens de votre équipe dans ma détresse ! Avec toute ma reconnaissance… »
Ceci nous amène à une bien sombre réflexion : est-ce que nous autres Catholiques ne péchons pas par omission ? Si tant de femmes enceintes ne rencontrent pas des sauveteurs du style SOS MAMANS dans la rue, dans les parcs publics, dans le métro, les Cafés, le RER, les labos…, est-ce que le crime de l’avortement, au Jugement Dernier, ne sera pas plutôt attribué à nous qui n’avons pas trouvé le courage de former un groupe dans telle ou telle ville ? Est-ce normal que seulement 7 groupes SOS MAMANS existent ? Le Carême est là pour se poser les questions graves, celles qui décident non pas seulement de l’éternité des personnes non secourues, mais également de notre éternité.
Vendredi 10 avril
Ce jour un donateur handicapé nous écrit : « J’ai bien réfléchi, le vrai péché contre l’Esprit, c’est quand l’homme se prend pour Dieu et décide de la vie ou de la mort de son prochain. L’avortement est le pire exemple ». (R.J.F.)
Mercredi 20 mai
Pendant notre pèlerinage « aux 6 Reliques principaux du Précieux Sang du Christ » (Argenteuil – Bruges – Prüm – Weingarten – Turin – Neuvy Saint Sépulchre), trois cas gravissimes se sont présentés à SOS MAMANS, c’est-à-dire nous avons pu entrer en contact avec 3 très jeunes prostituées russes enceintes que nous avons réussi à extraire de leur réseau parisien – qui est un véritable esclavage – et renvoyer en leur patrie par nos moyens. Voici un extrait brut – sans modifications à part les noms ou les villes – de notre note de frais concernant ces 3 sauvetages (sans trop préciser les détails de ces transports).
« JANA, 18 ans, retour à Kazan :
Voyage (co-voiturage, sans papiers) 600 Euro, 2 cartes de téléphone France/Russie 100 Euro, 1 valise et boots voyage 100 Euro, vêtements de voyage 180 Euro, espèces de secours 100 Euro. TOTAL 1080 EURO.
KATARINJA, 18 ans, retour à Iribalski :
Voyage (co-voiturage, sans papiers) 600 Euro, valise et chaussures 160 Euro, 2 cartes de téléphone France/Russie 100 Euro, Jean et blouson 100 Euro, pull et sous-vêtements 80 Euro, espèces de secours 100 Euro. TOTAL 1140 EURO.
MASCHA, retour à Kharkov :
Voyage (co-voiturage, sans papiers) 700 Euro, 2 cartes de téléphone France/Russie 100 Euro, sac de voyage et chaussures tennis 140 Euro, vêtements et sweets 120 Euro, espèces de secours 100 Euro. TOTAL 1160 EURO.
TOTAL de ces 3 sauvetages : 3380 EURO ! »
Vendredi 22 mai
Par suite à l’information ci-dessus (du 20 mai) distribuée à une partie de nos donateurs, une dame nous fait remarquer qu’on peut acheter les vêtements mentionnés moins cher. Nous avons dû lui répondre comme suit :
« Chère Madame, merci pour votre petit mot.
Est-ce que vous pouvez vous charger de l’achat de ces vêtements, de leur triage, stockage et mise à disposition, souvent en toute urgence au milieu de la nuit?
Ces jeunes filles doivent partir de Paris et de la France dans les 24 heures, sinon leurs souteneurs finissent par les retrouver et les tuer, ou au moins d’avorter leurs bébés. C’est arrivé.
Ce sont souvent des gangsters albanais, ukrainiens et biélorusses. Ils ne connaissent ni lois ni maîtres. Leurs outils sont couteaux et pistolets.
L’urgence coûte cher, mais notre méthode est efficace, grâce à nos chers donateurs.
Dieu aussi aurait pu économiser son Précieux Sang, Il ne l’a pas fait, ne serait-ce que pour le pauvre larron crucifié à côté de Lui.
Et quoi dire du parfum trop cher prodigué par Sainte Marie-Madeleine?…
Nos petites mamans, c’est Jésus aujourd’hui. “Ce que vous aurez fait au plus petit de mes frères, c’est à Moi que vous l’aurez fait”.
Quoi de plus beau que de dépenser – même beaucoup – pour Jésus souffrant?
Pourriez-vous nous aider – maintenant?
Bien cordialement, SOS MAMANS. »
Lundi 25 mai 2015
En fait, nos jeunes filles russes ne sont pas les seules, beaucoup d’autres cas de jeunes filles et femmes enceintes nous préoccupent, sans interruption.
Samedi matin à 9h, devant un supermarché en région parisienne, nous avons revu une de nos petites mamans qui a gardé son nouveau bébé grâce à notre soutien. Elle est dans son 5e mois.
Elle n’a pas de mari, ni de copains (tous disparaissent comme des papillons dès qu’un bébé s’annonce). Elle est totalement immergée de problèmes. Elle loge dans un F1 de 380 Euro loué au noir par une dame, elle doit encore payer pour le mois de mai, et elle n’a rien pour payer.
La télé est tombée en panne, pourtant c’est pratique pour occuper un peu les bébés, dit-elle.
Elle fait le ménage chez une dame à Paris, mais seulement certains jours et pendant quelques heures, ce qui lui fera peut-être 200 Euro à la fin du mois… Et rien que la carte bus/métro lui coûte 130 Euro/mois…
La CAF lui fait de problèmes interminables car elle exige des documents qu’elle n’a pas ou difficilement; elle vient de lui couper de moitié la carte CMU (remboursement des frais médicaux aux démunis) disant qu’elle travaille maintenant… Je soupçonne fortement que la CAF empoche elle-même ce à quoi cette jeune maman aurait droit, par ex. la prime à la naissance (900 Euro) qu’elle n’a jamais touchée pour les 2 bébés qu’elle a déjà, également sauvés par nous.
En plus il y a la crèche pour les 2 bébés : 400 Euro par mois. C’est nécessaire, sinon elle ne peut s’absenter pour aller travailler.
En plus il y a les couches et le lait (elle ne peut nourrir au sein à cause d’une maladie), et le frigo est vide.
Déjà 2 fois elle s’est fait agresser, y compris par un de ses anciens copains qui ne veut pas du nouveau bébé, chaque fois avec des fractures.
Elle s’est fait agresser mi-mai de nouveau, cette fois-ci par un noir qui l’a blessée (bras cassé, mais elle n’a pas l’argent pour aller à l’hôpital pour cela) et lui a arraché les 500 Euro que Sos Mamans venait de lui avancer pour faire face aux multiples problèmes.
Ce n’est pas facile avec un bras immobilisé de faire le ménage chez les gens.
Bref, elle a fait, pendant ces dernières 5 semaines, 3 tentatives de suicide: 2 moyennant un couteau et 1 en avalant beaucoup de médicaments.
Elle est musulmane non-pratiquante. Nous lui avons donné les textes de quelques prières (Pater Noster, Ave Maria, litanie du Précieux Sang) qu’elle prie quotidiennement et avec beaucoup de sincérité et d’espérance.
Elle est rejetée par sa famille musulmane parce qu’elle avait couché avec un noir et accouché d’un bébé chocolat. Son frère aîné la poursuit et la blesse chaque fois qu’il la croise. Une fois nous l’avons fait opérer à cause d’un tournevis que son frère lui avait planté dans son genou… Elle risque la mort par sa propre famille. Elle change souvent d’endroit en région parisienne, pour pouvoir mieux se cacher. Quand nous l’avons détectée, elle dormait la nuit dans un garage d’un centre commercial, « il y a toujours une voiture ouverte pour y dormir»… Nous avons vu un avis de recherche sur une station d’autobus, avec sa photo, apparemment affichée par sa famille qui veut la forcer à l’avortement, sinon pire. Elle commence à maigrir fortement car elle n’a rien à manger (hier elle nous a dit: “Je n’ai rien mangé depuis 1 semaine”…). Ce n’est pas bon pour une femme enceinte. En plus tout son entourage, jusque dans les rangs de SOS Mamans, la soupçonne que tout est mensonge, ce qui fait que certaines de nos aides sont fait en cachette. Et si tout était vrai ce qu’elle raconte ?
Nous souffrons avec elle, nous nous mettons à quatre pattes pour trouver des sous pour elle. Hier nous lui avons glissé 510 Euro (200 pour la crêche 15 jours, 100 pour couches/lait, 100 pour le frigo, 110 pour la carte Navigo mensuelle). Si vous voulez bien prier pour elle. Deux prêtres ont déjà dit une messe pour cette jeune maman accablée.
Nous croyons aujourd’hui qu’on ne peut vraiment aider qu’en souffrant soi-même. Comme Jésus sur la Croix. Comme la Sainte Vierge transpercée par 7 glaives sous la Croix. Pleurons et souffrons avec Jésus. Toute grâce passe par là. Et le salut du monde également. Oremus, flectamus genua.
Mercredi 17 juin 2015
Une amie a relevé ces quelque lignes dans un récent livre «Tombé du lit » (de Clotilde Noël, Editions Terra Mare, 2015, 144 pages) qui vient de paraître :
« Le grand jour arrive. Le 31 mai 2013, la voiture est bien pleine, c’est toi, à présent, qui a pris place dans le maxi-cosy.
C’est l’excitation générale à la maison. Ton lit est prêt depuis début janvier. Nous avions choisi avec les enfants tes doudous, ta turbulette etc. Tout le monde veut dormir avec toi.
La première nuit est magique. Impossible pour moi de fermer l’œil, je reste assise sur une petite chaise collée à ton lit. Je tiens ta main si petite. Tu dors paisiblement comme si tu étais installée dans ton « nid » depuis toujours. Je ne me lasse pas de te regarder téter ton tout petit index, la paume de la main vers le ciel. Je te regarde comme un trésor… Un trésor enfin trouvé. »
Pourtant le livre explique qu’il s’agit d’un bébé trisomique que ce couple a courageusement adopté, ayant déjà 7 enfants. Quelle joie face au trésor de la nouvelle Vie humaine, aussi petite qu’elle soit !
Et nous pensons, face à toutes les misères que nous rencontrons, ici chez SOS Mamans, presque quotidiennement : pourquoi les hommes mettent tout en œuvre pour pervertir ce que Dieu a fait de si beau pour nous ? Le mariage, la famille, la fidélité, le courage, le respect, l’amitié, l’héroïsme ? Tout semble perverti et corrompu dans notre bas monde d’aujourd’hui. Pourtant la grâce de Dieu brille sur nos têtes comme le soleil, et nous sommes là pour la révéler, tout simplement en pansant les plaies, en consolant, en aidant, en AIMANT.
Bilan SOS MAMANS au 19 juin 2015 : Nous avons pu sauver, depuis 1995, exactement 1099 bébés, plus leurs mamans, donc quelque 2200 personnes en détresse vitale. Actuellement nous logeons 22 femmes et jeunes filles enceintes, plus 2 avec leurs bébés déjà nés, soit en nos studios loués, soit chez nos familles ‘hébergeuses’, soit en habitations à colocation, en attendant la naissance de 74 bébés sauvés (ou plus s’il y a des jumeaux ou triplets). Notre vitesse de croisière est actuellement de 2 à 3 sauvetages par semaine, chacun d’eux nécessitant en moyenne 1200 Euro de dépenses immédiates. Moyens disponibles à ce jour : 5242 Euro, grâce à nos quelque 800 donateurs. Espérons que ce fond de caisse suffise pour la longue pause d’été qui commence. Pause pas pour tous, surtout pas pour SOS Mamans, « pompiers de bébés » .
A Dieu tout honneur et toute gloire !